Les Oméga 3 et notre santé
- Laurence
- 30 janv. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 févr. 2024
Une histoire qui va du sol au sang
Dans les années 50 le régime méditerranéen a été reconnu comme étant le mode alimentaire idéal pour prévenir les maladies cardiovasculaires mais bien plus encore puisqu'il y a aussi des arguments dans la prévention de la maladie d'Alzheimer. Aujourd’hui tout le monde sait qu’il faut manger des fruits et des légumes à feuille sans oublier l’huile d’olive.
Mais alors comment font les esquimaux qui ne font pas encore pousser des tomates et des salades sur la banquise ? Bien sûr ils mangent surtout du poisson me direz-vous ! Mais pas seulement...
Pierre Weill a une autre explication👇 PAROLE D'EXPERT Ingénieur agronome - Docteur en biologie de la santé
Tout le monde a entendu parler des Oméga 3. On en trouve en gélules chez les pharmaciens, il y en a beaucoup dans les poissons, certaines huiles végétales affichent aussi fièrement « riche en Oméga 3 » sur leurs bouteilles. Dans la presse santé, on raconte leurs bienfaits, on explique qu’ils sont utiles pour la circulation sanguine, pour le fonctionnement du cerveau. Dans la presse scientifique, on rapporte qu’avec des taux élevés dans notre alimentation, on prévient les cancers, l’infarctus, l’obésité, Alzheimer et même le Covid…

Tout cela est vrai, mais l’histoire des Oméga 3, c’est aussi un cours d’histoire, de géographie et surtout de sciences naturelles.
Commençons par la géographie, celle du Groenland et de sa population d’esquimaux (on dit Inuit aujourd’hui). Ce peuple de chasseurs se nourrit de poissons, de phoques, de morses. Leur régime est presque exclusivement à base de chairs et de graisses animales… Les légumes ne poussent pas bien sur la banquise…
Un peu d’histoire maintenant : dans les années 1950, les médecins épidémiologistes (spécialistes des épidémies) du monde entier s’intéressent à ce que l’on appelle des « maladies épidémiques non infectieuses ». L’émergence de ces maladies nouvelles (infarctus, diabète, cancer, obésité..) les surprennent et les inquiètent. Ils en recherchent donc les causes. Assez vite, ils mettent en accusation une alimentation trop riche, trop forte en graisses et surtout en graisses animales. Ils préconisent alors un régime pauvre en produits animaux et riche en fruits et légumes : La diète Méditerranéenne.
C’est ici que l’histoire des Oméga 3 devient une belle histoire de sciences naturelles, une histoire qui mêle le soleil, l’air et la terre.
Les plantes poussent avec l’énergie du soleil, elle l’utilise pour transformer le gaz carbonique (CO2) de l’air et la vapeur d’eau en sucres qui vont être l’énergie de base du vivant.
C’est un prix Nobel très connu, Albert Einstein qui a obtenu cette distinction pour la description de ces flux d’énergies issus du soleil en 1905. Cette synthèse à l’énergie solaire se passe dans les chloroplastes de toutes les plantes vertes.
Et les sucres issus de cette « photosynthèse » sont ensuite transformés en Omega 3 dont la plante a terriblement besoin pour au moins deux raisons :
• D’abord, La croissance des plantes au soleil nécessite des tissus dit « chlorophylliens » où se réalise le captage de l’énergie lumineuse. Et ces tissus sont de véritables concentrés d’Omega 3.
Pour la synthèse des Oméga 3, le premier ingrédient est donc le soleil. Mais pour que la plante puisse faire toutes ses synthèses, il lui faut puiser dans le sol de petits éléments qui vont booster ses réactions de synthèse des Oméga 3. Et ces éléments viennent de la vie du sol, d’une terre « vivante ». Le second ingrédient est donc la terre ou la mer dans le cas des algues, en tous les cas le milieu nourricier des herbes et des algues.
• Ensuite, les plantes ont des ennemis qui les attaquent : des microbes, des insectes, des mammifères… qui veulent les manger, et les plantes ne peuvent pas s’enfuir à l’approche de leur prédateur. Elles doivent alors fabriquer leurs propres défenses, leurs « pesticides internes » ou leurs « médicaments internes »… et les Omega 3 sont à la base de la synthèse de toutes ces molécules de défense.
La leçon d’histoire naturelle commence bien : Un sol sain fait des plantes saines…
Elle continue bien aussi car les animaux qui vont manger ces plantes saines, riches en Omega 3 vont à leur tour en profiter car ces Oméga 3 végétaux vont à leur tour servir la synthèse de molécules de défense et de santé des animaux facilitant ainsi leur résistance aux maladies et leur fertilité.
Un sol sain fait des plantes saines qui font ensuite des animaux sains.
Et nous ? Omnivores de bout de chaîne… et bien si nous mangeons des animaux et des végétaux en bonne santé et pleins d’Omega 3… et bien, nous aussi, nous serons en bonne santé !
Pour le démontrer, 5 études cliniques ont été réalisées avec des chercheurs des Instituts publics et l’association Bleu-Blanc-Cœur. A chaque fois, le protocole expérimental était le même : Tous les volontaires consomment autant de produits laitiers, de viandes et charcuteries, d’œufs… Mais les vaches, les poules et les cochons n’ont pas tous mangé la même chose. Quand les animaux de ferme mangent bien (de l’herbe, de la luzerne, du lin à la place du sempiternel régime Maïs-Soja..) ; alors, on voit les paramètres de santé s’améliorer : Poids, Tour de taille, Insulino-résistance, Cholestérol…
Un sol sain fait des plantes saines qui font ensuite des animaux sains qui profitent à la santé de l’homme !
Les Oméga 3 racontent donc une belle histoire qui est surtout une histoire vraie, riche de démonstrations scientifiques.
Et pour conclure, la saga des Oméga 3, du sol au sang enseigne aussi une morale : celle de la tolérance, de l’équilibre, du juste milieu. Les Oméga 3 ne sont pas des molécules miracles. Si leur déficit est apparu depuis quelques décennies, c’est parce que nous avons changé nos modes de productions agricoles en perdant la diversité nourricière dans les champs. Nous ne pouvons pas être sains sur une planète malade, c’est ce que raconte cette histoire, c’est aussi le combat depuis 20 ans de l’association Bleu-Blanc-Cœur qui milite pour une agriculture à vocation santé, pour que la prévention-santé commence dans nos champs d’abord, dans les auges ensuite et seulement après dans les assiettes !
Pierre Weill Ingénieur agronome Docteur en biologie de la santé
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Remerciements à MOHAMED GHOUATI - nhc DIABÈTE
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